martes, 6 de enero de 2009

Prose maritime

Ô merveilleux pays de mon enfance. Garrigue, sel, vent et calanques. Dans tous mes voyages à Marseille, je fais toujours une escale à Calelongue, dont le nom est dû à sa forme allongée de petite crique, dernier port de Marseille, à l’extrême sud de la ville.
J’y reviens parce qu’à Calelongue vit la paix. Il y a toujours un peu d’air et toujours ici la mer frisonne. L’eau semble aimer cette double caresse du vent léger et du bruyant soleil, même en hiver. Ici, sous nos pieds, naît la méditerranée ; puis, à quelques centaines de mètres, elle emprisonne la Jarre, le Jarron, Riou, Plane et le Grand Congloué avant de s’en aller, loin, prenant tous les départ vers tous les horizons. L’île Maïre avec ses pharillons semblent l’accompagner poussant quelques pas vers le lointain, comme s’ils disaient : « Adieu, à bientôt. » Et puis, sous la pluie de rayons scintillants, la mer s’enfuit, toujours vers l’avant, vers cette ligne inimaginable qui pourtant ferme notre vue ; et l’on regarde fixement, dans le chemin brillant que dessine sur elle le doux soleil de Provence, sa jolie main qui fait un signe.
En haut, sur la butte qui surplombe la calanque, l’ancien sémaphore trône. Comme les cabanons du coin, il n’existe que pour de vieilles barbes, de vieux marins, des amoureux de la mer, des amoureux de Marseille. Derrière le phare s’étend ensuite la garrigue qui court le long de la côte et qui, ne pouvant suivre la mer vers l’avant la rappelle de la rive avec son sourire de renard des calanques. La garrigue n’est pas jalouse de la mer, sublime voyageuse ; au contraire, elle lui confie tous ses secrets de végétation rebelle et la laisse partir parce qu’elle sait qu’elle reviendra et lui racontera alors ses récits de mer qui, comme les récits de marins, font des bruits de craquement de mât et ont un goût de sel et d’aventure. La mer ne dit jamais adieu à la garrigue ; je ne dirai jamais adieu à Marseille.
Et cette nature vivante qui parle et qui rit, pleine de fouines, de couleuvres, d’hirondelles des rochers et plantée d’orchidées et de crithmes maritimes, tend sa face au ciel et hurle, dans son recoin de méditerranée, la violence de son sang et son teint hâlé.
L’avenir n’a pas de consistance là où les choses semblent ne pas changer. C’est presque plonger dans le mythe que d’admirer, lorsqu’on est marseillais, les pierres de nos ancêtres, d’imaginer les bateaux phéniciens et de sentir les courants d’air colliniers. Et puis, à quoi bon l’avenir ? Ici les choses sont pleines, du simple fait d’être. Ici, il n’y a rien à chercher. Fermer les yeux, sentir, toucher, pleurer peut-être, et la vie devient cette mer sans marée, ce ciel calme et tempéré, ce destin déjà fixé des choses sublimes que transfigurent les battements du cœur de la terre. Point de désir, point d’abîme.

Décembre 2008

2 comentarios:

Anónimo dijo...

Je suis très sensible à ta prose maritime car elle exprime ce que je ressens. J'aime beaucoup.
Tu madre

Anónimo dijo...

Pero, ¿qué puedes contar sobre la leyenda acerca de la fundación de Massalia o Masalia?