sábado, 20 de septiembre de 2008

Sensation d'automne

L’autre matin quand je suis sorti, dans la rue il faisait frais. J’ai fait quelques pas et puis, je ne sais pas, il y a eu une odeur, un bruit, une couleur peut-être. Alors je me suis vu allant à l’école, tout jeune. Les images ont défilé quelques minutes pendant qu’un pas que je ne mesurais pas m’emmenait vers le métro et vers la soudaineté de mes vingt-six ans. Quand je suis arrivé au travail, j'ai du l'écrire...


Démons et merveilles
Vents et marées
Au loin déjà la mer s'est retirée...
J. Prévert

L’arbre a éternué
une feuille est tombée.
C’est l’automne
avec son bruit d’été craquelé.

Le ciel s’est assombri,
une larme de nuage a coulé.
Nul ne s’étonne
c’est l’automne
avec son odeur d’été tout usé.

Le vent a remplacé la brise molle.
Dans un grincement les portes se sont fermées.
Car sur son trône
sans que nul ne s’étonne
c’est l’automne
qui vient siéger.

Une tourterelle a gloussé
puis sous son aile s’est réfugiée.
Le feu dans l’âtre ronronne
pendant que sur son trône
bien que nul ne s’en étonne
monte soudain l’automne
avec un goût de pluie avarié.

La terre s’est durcie,
les champs ce matin ont gelé.
Le mistral court sur le Rhône
le feu dans l’âtre résonne
alors que sur son trône
saute d’un coup l’automne
et nul ne semble s’en étonner.

C’est l’automne et nous aimons le regarder
avec nos envies d’automne,
avec nos lubies d’automne,
avec nos souvenirs d’automne
auxquels ont rêve quand on sifflote
auxquels on pense quand on aime.
C’est l’automne et nous le chérissons
comme nous chérissons les solstices :
dans l’amour du temps qui passe
dans la haine du temps qui ne revient pas.
Car il n’y aura jamais d’automne si grand
qu’il semble qu’il n’y ait pas eu d’été.

20/09/2008

Les valeurs

Essayons d’expliquer ici une constatation, quelque peu amère, formulée par de nombreuses personnes autour de nous. « Il n’y a plus de valeur aujourd’hui. » L’ayant recueillie ainsi nous ne modifierons pas cet énoncé dans sa formulation, ni ne le nuancerons car cela reviendrait à le faire nôtre, ce qui n’est pas le cas (pas tout à fait, du moins). Tout d’abord il nous faut dépasser ce malheureux adverbe si traditionnel chez les hommes qui se sentent vieillir et croient vieillir seul. Il fait mauvaise impression, une impression réactionnaire. Ici, il ne l’est pourtant pas. Pour notre part nous nous efforcerons de voir en lui une certaine transcendance qu’au demeurant il contient aussi. Aujourd’hui. Certes, il faudrait s’interroger sur les rapports de cet « aujourd’hui » par rapport à un nécessaire « hier. » Ce qui nous amènerait à commencer par savoir de quel « hier » et de quel « aujourd’hui » nous parlons. Mais laissons là une matière qui certainement nous mènerait trop loin et serait de toutes façons absurde car dans l’ « aujourd’hui » qui nous occupe il n’y a guère d’autre à voir que beaucoup d’exaspération et bien peu de raisonnement, chose par ailleurs fort compréhensible.

Qu’est-ce qu’une valeur ?
Attachons-nous donc au cœur du problème. Qu’est-ce qu’une valeur ? Essayons-nous à lui donner une définition. Une valeur est une position de l’esprit en même temps qu’une action individuelle inconditionnellement orientées vers le bien de l’humanité et qui rassemblent les hommes de bien, les unissant dans la poursuite de leur but commun qui est le bonheur de tous. Peut-être manquerait-il quelque aspect à cette définition mais nous ne pensons pas que l’on puisse lui ôter aucune des propositions susdites. Que le lecteur accepte le temps de ces quelques lignes de donner aux valeurs, que peut-être nous n’avons pas tout à fait perdues, le sens que nous voulons raisonnablement lui donner ici. Observons donc, partant de ce constat, quelques points avant d’expliquer le fond substantiellement historique de la phrase initiale. Tout d’abord, il ne faut pas confondre valeur et vertu, ou pire valeur et morale. L’homme de bien doit effectivement être vertueux, mais être vertueux c’est une façon de prendre certaines valeurs pour lois personnelles et de les mettre au cœur de nos actes ; en ce sens le contraire de la vertu n’est autre que la mauvaise foi. La vertu mesure le degré de fidélité qu’un homme peut avoir envers les valeurs qu’il a fait siennes. La valeur n’est pas non plus une morale mais on pourrait penser que celle-là provient de celle-ci. Or, avoir des valeurs reviendrait alors à avoir au préalable une morale. L’ennui en établissant un tel lien logique entre morale et valeurs, c’est qu’alors nous enfermons le simple geste fraternel, le simple élan de bonté dans une structure morale du comportement, chose possible mais pas systématique car ces actes naissent aussi de la révolte qui n’est pas une morale en soi. Mais avant tout elles naissent de la philosophie. Une vraie philosophie doit être considérée comme une façon de penser l’homme débouchant sur un système de valeur visant à expliquer et améliorer la condition humaine. Seule la philosophie, objective, allant de l’homme vers l’univers et de l’univers vers l’homme, est en mesure de fournir sinon les valeurs nécessaires au bien des hommes, au moins une certaine quantité de règles comportementales. Mais ce qui fait de la philosophie la solution la plus viable et surtout la plus honnête afin de comprendre mieux le monde où l’on vit, de s’y comporter en faiseur de bien, en bref afin d’avoir des valeurs, est le fait que l’on peut choisir de ne pas la suivre. La philosophie suppose et argumente, jamais elle n’impose. En revanche, pour le christianisme et toutes les religions, ou encore toutes les doctrines et idéologies de toutes sortes qui n’ont cessé de sévir en Europe depuis deux siècles, il n’a jamais été question d’autre chose que d’imposer aux hommes une certaine vision du monde, et par là même leurs systèmes, leurs valeurs et, oserai-je le dire, leur justice ! Ces idéologies ont fait le monde tel qu’elles l’avaient décidé, le faisant reposer sur leur idéal. Toutes sont tombées, écroulées sous leur propre poids. Ce qui vient du peuple se maintient, ce qu’on lui impose finit par tomber. Un vrai peuple démocratique n’est pas choisi, il choisit lui-même, et cela on le sait depuis 1789. Quoi qu’il en soit, du marxisme jusqu’au capitalisme social, politique et économique tel que nous le connaissons aujourd’hui, tout doit nous servir afin de ne pas nous tromper à nouveau. A notre sens il est vain de chercher un système de valeurs dans les limites de notre définition à l’intérieur de ces idéologies, et ce pour deux raisons. La première est qu’il est extrêmement difficile de tirer honnêtement toutes les conséquences de systèmes qui reposent sur de mauvais questionnements, et leur échec en est la preuve. Deuxièmement, parce que tôt ou tard ces systèmes finissent par pourrir de l’intérieur et ne voient alors plus que par un trou de serrure les réalités béantes qu’ils avaient créées. C’est le cas de l’Église par exemple dont on pourrait se demander combien de temps encore elle va ramper, cramponnée à une morale décrépite, si ce n’est en se remorquant à une autre idéologie. On sait par exemple en Espagne le poids de ces mots, on leur rattache le sang des frères, l’ignominie, la haine. Le grand problème des catholiques, on le sait depuis bien longtemps, est qu’à force d’être en permanence sur la limite entre le simple croyant, le bon samaritain, et l’exalté assassin, ils finissent par ne plus être crédibles. Aujourd’hui le discrédit de l’église est devenu presque traditionnel, le XXe siècle s’est chargé de désacraliser la société, nous vivons depuis deux siècles sans dieu.

Le nouvel homme.
Or, l’absence de dieu ne signifie pas la mort du divin mais simplement l’absence de temple. Pour détruire le temple les hommes n’eurent d’autres possibilités que de tuer le christ. Mais la disparition de la religion dogmatique, en soi, ne représente pas une régression mais l’avènement de la force des hommes. Le christ n’est plus ce pilier de la culpabilité humaine que l’homme lui-même avait érigé, et à nouveau seuls devant la terre et devant l’humanité, il nous faut encore nous révolter. « La révolte tue les dieux cherchant à construire des temples. » (Camus, L’homme révolté) Et nous voici donc revenu à notre point de départ, celui du premier homme. Cependant aujourd’hui nous avons de nouvelles armes. Par exemple nous savons que nous ne voulons plus de dieu, nous savons que le nihilisme puis plus tard l’existentialisme ne se sont pas résolus absolument puis qu’ils sont morts et que, par conséquent, ils nous sont inutiles. La seule façon de vaincre pour de telles philosophies était l’acceptation totale ; l’acceptation partielle revenait à mourir. Et le XXe siècle est passé, entre une morale mal définie et une justice maladroite, il s’est frayé un chemin vers le confort de tous, entre les embuches des derniers révoltés. Certes la première moitié du siècle nous l’avons consacrée à des guerres fratricides dont la seule et véritable origine était la recherche désespérée d’un nouveau dieu à l’intérieur de l’homme. La seconde moitié, nous nous sommes chargés d’ignorer. D’ignorer tout au sens général et particulier. Après les grands conflits mondiaux, après la guerre froide, on a donné au monde un régent (nous nous refusons à nommé d’autre façon que par ce terme le gouvernement actuel des Etats-Unis d’Amérique). Puis, résignés à ne plus jamais avoir de dieu et à sombrer peu à peu dans le désespoir, nous avons fermé les yeux au monde.
Dieu disparu, c’est un vide de valeurs et de morale qui le premier s’installe dans la société des hommes. Autour de ce vide on a créé des institutions. Pourtant, au-dessus de ce vide plane l’incertitude du bonheur humain, de la liberté et de la justice. La finalité n’a pas disparu, mais elle n’a plus rien de solide sur quoi s’appuyer -les institutions ne sont pas éternelles. Le seul moyen aujourd’hui pour que les hommes recommencent d’agir selon des valeurs, et donc de répondre à des lois, c’est d’interroger notre nouvelle réalité, d’observer nos comportements tout en prenant garde à ne pas confondre ce qui nous questionne en tant qu’hommes et ce qui nous décrit en tant que société. Si l’on se base sur l’apparence, les plus étroits d’esprit penseront que l’humanité touche à sa perfection : la science, la technologie, la communication sont des preuves d’une évolution a priori positive. Cependant, a posteriori, et en termes de recherche du bonheur, il n’est pas difficile d’en voir les limites. Toujours est-il que l’on ne peut pas s’arrêter, lorsqu’on contemple notre société, à son apparence. Il n’est d’ailleurs pas rare aujourd’hui que des jugements définitifs soient prononcés seulement sur le paraître ; mais si une telle pratique est une infamie au regard de l’individu, c’est une véritable trahison au regard de l’humanité. L’image n’est pas l’être et observer n’est pas forcément voir la réalité. La conséquence la plus violente et la plus difficile du système occidental actuel réside précisément dans la difficulté d’observation à cause de nous et à cause des autres.

Esclavage volontaire.
En conclusion de tout cela, on peut dire que les valeurs dont nous parlons ne peuvent être chancelantes mais pleines. C’est dans la plénitude que l’on acquiert la force tranquille des faiseurs de bien, des constructeurs du bien. Ne pouvant donc ne nous raccrocher ni à la religion qui est notre héritage, que l’on soit d’ailleurs chrétien ou athée, ni à des doctrines aujourd’hui usées, il ne nous reste plus qu’à observer froidement que nous voilà de nouveau seuls, sans dieu, ni substitut de Dieu et comprendre alors qu’il nous faut réformer le système actuel de nos sociétés afin de trouver la matière sincère, loyale et pure, nécessaire à la prolongation de l’humanité.
Si nous ne voyons aujourd’hui plus guère de valeur dans la relation entre les hommes, c’est simplement parce que les valeurs, parmi tant d’autres choses, ont été vidées de leur contenu. Ou, pour être plus précis, nous nous sommes détournés tout au long de ces cinquante dernières années de ce qui fait d’un peuple un peuple et non pas une seule somme d’individus. Nous avons systématiquement écarté tout ce qui pouvait empêcher, ou ne serait-ce qu’entacher la réalisation d’un ouvrage commun à tous : l’enrichissement et l’augmentation des libertés de chacun. Il est clair que nous avons agi comme agissent les idéologies, exigeant beaucoup, s’imposant peu.
Si l’on se laissait tenter de regarder en arrière, il serait difficile de retenir un soupir de nostalgie quand on pense que cela n’a pas été difficile du tout de nous faire adhérer tous à ce nouveau dieu : le marché. Jusqu’à cette nouvelle ère, l’argent n’avait jamais été qu’un moyen. Plus ou moins indirectement, il a participé à toutes les injustices de ce monde, dans tous les siècles. Mais jamais il n’était devenu une fin en soi. Nous croyons pouvoir affirmer ici, la proposition suivante : en divinisant l’argent, devenu le centre d’intérêt unique de nos efforts, nous nous sommes détachés peu à peu de ce qui fait la vraie grandeur de l’homme et le seul objectif digne de ses tourments: la recherche de la vérité. La recherche de la vérité a reçu ces derniers temps un coup très rude : elle a été victime d’une indifférence si forte que seule l’histoire pouvait la sauver de l’anéantissement. De nombreux goûts de vivre ont été remplacés par des goûts de possession. Le plaisir d’avoir et avec lui toutes les perversités qu’il engendre sont devenus le but, la fin et le sens de la vie. Nous avons cultivé l’apparence au point d’en oublier qu’elle n’était pas la seule réalité des personnes. En somme, nous avons repoussé des limites qui parfois n’étaient peut-être pas poussées dans le bon sens – c’est le cas de la science qui de putain de la guerre est devenue putain de la mode-, mais qui souvent n’étaient essentiellement pas les bonnes. La question du véritable sens de l’homme, celui qui en fait un éternel chercheur de sa propre libération, seul dans un monde et -pire !- une société injustes, est restée. Seulement nous avons ruiné nos propres espoirs de nous sauver. Et, pour finir, nous l’affirmerons sans détour : nous sommes actuellement plus esclaves que jamais. Mais peut-être est-ce pire encore. Nous pourrions être moins que des esclaves. Car s’il est prouvé que l’on peut attiser la dignité de l’esclave afin d’en faire un homme révolté avec tout ce que cela entraîne de bon, de nécessaire mais aussi de mortifère, que faire quand l’esclave se croit libre ? Que faire quand la superbe de l’homme agit comme une soupape permettant le maintien de ce qu’il croit être sa survie et n’est en réalité que sa perte ? Comment se positionner face à un homme que son propre orgueil aveugle et dont les actes égoïstes mènent sur le chemin de la décadence et de la servitude, persuadé cependant d’être de plus en plus libre ? Que dire, enfin à un homme qui croit qu’il peut se sauver seul, qu’il peut être heureux sans les autres ? Ni dans la richesse, ni dans la solitude ni dans l’illusion du bonheur, l’homme ne se sauvera jamais. La seule façon pour l’homme, non de se sauver mais d’être en paix avec sa conscience comme avec son temps est de s’unir et de se débarrasser définitivement des leurres qu’il s’est créé. Une seule question est dès lors digne d’être examinée.
Pourquoi la révolte est-elle incapable de naître ? La raison en est en réalité toute simple : tant que l’équilibre se maintiendra raisonnablement entre libertés théoriques et injustices de fait, rien ne bougera. Tant que la tranquillité d’un demi bonheur agira comme un anesthésiant de la conscience humaine, nous continuerons d’être des hommes à moitié. Il y a derrière les valeurs un sens pécunieux qui nous empêche de lever la tête et voir que l’on peut faire mieux. Le jour où la pensée sera, ne serait-ce qu’un instant, aveuglée par le reflet de la société, ouvrant à son esprit tous les horizons qu’elle s’était fermés, les vraies valeurs renaîtront et nous recommencerons de courir, vainement mais salutairement, vers le bonheur impossible qui est la seule vie possible. L’humain doit réapparaître dans le cœur des hommes. L’individu doit de nouveau laisser une place à l’angoisse, à l’incompréhensible qui fait sa liberté. Alors, sur son lit de mort l’homme ne dira plus « je » mais « nous », annonçant ainsi qu’il a vécu seul, certes, mais dans la compagnie des hommes. Peut-il en être autrement ? L’homme peut-il ne pas se retrouver seul aux portes de la mort ? Le destin de l’homme est d’œuvrer dans l’espoir qu’il puisse en être autrement. Voilà probablement une des pensées qui pourrait nous aider à sortir de l’impasse où nous nous trouvons. Et nous n’avions pas pour projet en écrivant ces quelques lignes de formuler autre chose qu’une modeste proposition en faveur de l’espoir que nous nourrissons dans l’ombre de lire à nouveau la dignité dans les actes des hommes.


Juillet 2008

domingo, 14 de septiembre de 2008

El Cante de las Minas

Probablemente las mejores actuaciones que haya visto en la vida.
Es muy probable también que no sean las últimas y que repetiremos el Cante de las Minas otros años. Pero no cabe duda que esta edición 48 del Festival ha hecho evolucionar mi forma de comprender, y sobre todo de sentir, el flamenco.


Un pensamiento especial mientras preparo esta selección de fotos para Miguel Poveda cuya actuación aquella noche me delumbró con su belleza, su perfección emocional, su justa ejecución, en una palabara con su jondura.
Es él en las dos primeras fotos. La primera por Alegrías, la segunda no me acuerdo en qué momento, pero a todos se nos pusieron los pelos de punta, eso seguro.





El Manolete, rodeado de sus palmeros-cantaores.




A continuación el Lebrijano que con sus
ochenta y tantos años, a pesar de problemas
salud aparentemente graves, nos dio aquella
noche una magnífica actuación con extractos
de su nuevo disco (aquel con las letras de
G. García Márquez) y otras joyas que sólo
se encuentran en su voz. Era la primera vez
que lo veía y me dio mucha impresión ver a
tan grande maestro.





Aquí el Nano de Jerez con su acompañante. Un flamenco diferente que rompió bastante con el tema minero. Los aficionados a Pencho Cros no vieron mucha relación entre las mineras que cantaba el hijo predilecto de la Unión y la gracia gaditana del Nano. Son dos flamencos muy diferentes, la verdad. A mi, me encantó este aire, este duende, este gaditanismo del Nano de Jerez de la Frontera que es la cuna de la bulería. El Nano cantó una extraordinaria aquella noche.




Manuel Cuevas y su acompañante. Una actuación emocionante con un par de Fandangos muy bonitos al final. Un cante profundo y muy emocionante.



Abajo, el guitarrista de Rafaela Carrasco

miércoles, 10 de septiembre de 2008

Magie d'une nuit de jazz


Souvenirs de Ramatuelle...

Silence. La nuit, suspendue au-dessus de la mer, se fond avec elle et le dégradé de bleus tout à l’heure si harmonieux est à présent une vaste ombre où brillent de loin en loin les fanals des bateaux et les phares silencieux. Silence. Dans la pinède à l’entour et qui surplombe les eaux ténébreuses, les cigales se sont tues, les aiguilles ont arrêté leur doux balancement et la résine retient sa course, s’agrippe à l’écorce en devenant molle après avoir été liquide sous le soleil de midi. Dans cette nuit aux mille étoiles, perché dans les hauteurs d’un petit village provençal, un groupe de personne attend. Silence, nuit teintée de légères lumières violettes. Un piano, quelques pupitres, des chaises. Une batterie au repos et une trompette la tête en bas. Eux aussi attendent à l’intérieur de leur corps froids que coule la chaleur de la musique. L’air est tendre et la contrebasse, allongée sur le coté comme un cheval au repos, semble sourire. L’instant d’après, dans un minuscule théâtre de verdure de village, sur une scène grande comme un oeil qui regarde le ciel de son regard de colonnes romaines, aparaissent huit musiciens et une musicienne. Silence. Ils s’assoient. Silence. Il ne regarde pas le public, le public n’applaudit pas. Silence : l’ombre du théâtre se mêle aux ombres des costumes, c’est la magie de la scène qui commence...

La violoncelliste jette cinq ou six notes, jouées au doigt, syncopées, et les répètent, et encore, et encore. Elle ne regarde personne, mille regards la dévisagent. Et elle se couche sur son instrument pour aller chercher cette note, ce retard si passionant que prennent entre elles les mesures pour mieux prendre appui les unes sur les autres et s’envoler. Et puis soudain, comme plannant au-dessus d’elles, en avalanche, les deux violons et l’alto simultanément surgissent, envahissent l’espace multipliant les phrases, enchaînant les rythmes. Chacun semble parler à part soi, tous entendent l’unité. Et derrière, en fond, essentiel comme l’air que l’on respire, feutré comme la patte du chat sur la gouttière, profond et puissant comme les entrailles de la terre, le violoncelle, toujours le violoncelle. Le public est de plus en plus silencieux, et de ce silence naît la musique.
Tout à coup une note du violoncelle semble s’accentuée, puis une autre et encore une autre. A chaque révolution mélodique les notes-piliers semblent plus forte, plus puissante : et c’est que la contrebasse, en douce, comme qui n’y fait pas attention, vient soutenir le violoncelle de ses cordes épaisses comme les bras d’un père quand on est enfant. Puis, d’abord insensiblement, la batterie apparaît. Ce sont des coups légers, un peu de charleston et des bords de caisse claire, mais elle intensifie l’ensemble par sa simple présence. Enfin, la seconde suivante, au signal du saxophone qui ronronne, de la trompette qui crie et du piano qui rugit, tous ensemble, d’une seule corde, d’un seul souffle, d’un seul geste, neuf musiciens jettent aux cieux dans un grand rire chaud de gorge profonde un feu d’artifice si coloré que même les étoiles applaudissent !

De ce qui suivit on ne peut rien dire sinon qu’il vaut mieux se taire pour mieux s’en souvenir. Nous venons d’essayer de raconter les deux premières minutes de ce qui fut un extraordinaire voyage musical qui dura deux heures. Un compositeur génial, huit magnifiques interprètes et une inspiration puisée chez les plus grands. Il fallait oser réunir un quintet de jazz à un quatuor à corde, mais il fallait le talent d’un génie pour marier Manuel de Falla à Herbie Hanckok. Merci Karim Maurice.

10/09/08

jueves, 4 de septiembre de 2008

Les peintures de l'âme


A ma mère

Paysage de couleurs, formes de la vie,
Une barque, un soleil, une fleur,
Sous un pinceau qui rit.

Pastels, bleus, verts, orangés,
Fusain, encre de chine
chantent leurs divines voluptés.

Et les traits s’amusent et se confondent,
On devine derrière le tableau,
Le peintre et sa muse faisant la ronde.

Et dansez! Dansez peintures de l’esprit,
Dansez puis posez vous où il vous plaît
Sur une toile ou dans le coeur d’un ami.

Et nous verrons chez nous notre propre reflet,
Le miroir de nos pins sacrés, celui de nos façades bénies.
Nous verrons comment ce qui est renaît
Sous la plume du poète
Sous le pinceau du peintre
Dans nos coeurs et dans nos têtes,
Là où les peintures sont des souvenirs
qui se fondent en une étreinte

03/09/2008