miércoles, 19 de noviembre de 2008

Enfin...


I
Enfin, les hommes de la Terre au banquet du ciel,
depuis longtemps conviés à venir goûter,
sous l’astre fier, les parfums de l’aube et du miel,
vinrent peu à peu, l’œil serein, brillant, s’attabler.

Souriants, majestueux, surpris, le verbe fébrile,
ayant au cœur un volcan et l’esprit enflammé,
et Babel vaincue, ils burent l’éternité,
parlant une langue qui en était mille.

Heureux les humbles, ils auront la parole en premier.
Dans les lueurs pâles du jour nouveau, bénie
sois-tu, vérité !, qui ne fus pas marchandée.

Bénie sois-tu nouvelle société de génie,
qui abrite en ton sein frais la grandeur rêvée,
la vrai force humaine jusqu’alors ignorée.


II
Le fruit des pensées s’appelle la parole ;
et le fruit des paroles doit être l’action.
Il n’est d’être pensant que l’on ne console
en lui agitant au nez Progrès, Libération !

Tout être ayant, occulte ou illuminé,
l’idéal de son propre temps sur la terre
se trouve à la fois enthousiaste et horrifié :
l’avenir est un sens où le cœur désespère ;

La destinée, qu’un bref instant j’entrevis
se tait, se terre et désire que je l’oublie ;
mais ses traits comme le sein d’une mère

en moi sont à jamais gravés, enfouis.
Pour toujours il y aura en mon cœur deux misères :
la vie possible et l’impossible de la vie !


III
Or, étant à ce système insondable aliéné,
je ne puis jamais dire qui du passionnel
ou de l’idéal est vénérable et aimé
par Dieu ; qui suis-je et qui est l’universel ?

Amers ces songes de vie, ces poèmes
que simultanément créent et oublient
le cœur et l’esprit, ces pages mentales
qui jamais ne seront écrites.
Amers ces cris impétueux de l’âme
qui enflamment les sangs et mêlent
au désir du bien, la patience des sages,
la force des bêtes, mais qui pourtant
meurent dans l’étouffement d’un sanglot.

Amères paroles et amers visages
qui dans une tache d’ombre se révèlent ;
amers visages, visages d’ombre
que le vieux cœur encore et encore appelle.

Au pied du réverbère, la lumière trempée
suinte doucement sur le pavé.
C’est le sourire d’une âme en peine,
l’espoir d’une humanité décimée.
Et sur elle, les pas des hommes inconscients
dessinent d’étranges formes luisantes
au fil des minutes changeantes
au fil des siècles parfaitement égales.
2005

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